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Tribune Libre

Uniformité de la nation française : les fondations mythiques et l’exclusion.

16 septembre 2019

Le postulat du nationalisme à la française c'est qu'on est soit uniquement Français, soit pas vraiment Français.

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Le nationalisme français s'est construit sur l'idée que l'unité nationale se fonde sur un seul territoire, une seule langue, des valeurs bien définies et une histoire unique. L'homogénéisation de l'identité française a donc eu lieu et continue de sévir au détriment de la diversité et de la richesse des cultures régionales ou plurinationales. Le postulat du nationalisme à la française c'est qu'on est soit uniquement Français, soit pas vraiment Français.

 

L'unité linguistique est nécessaire à l’existence d’un peuple à condition que cette unité ne soit pas exclusive ou répressive comme ça a été le cas. Il y a plusieurs décennies, en France on parlait gascon, normand, angevin, breton, poitevin, etc.… Ceux qui parlaient ces langues étaient surement considérés comme des peuples à part entière du fait de leur identité culturelle. Pour les assimiler à la nation française, au peuple unique français, selon l’idée qu’on avait conçue a priori de cette identité ; il a fallu interdire de parler ces langues et de penser autrement que comme la nation l’exigeait. Jusqu’à aujourd’hui le ressentiment est présent. Qui n’a jamais entendu un Breton parler de la France comme si sa région n'en faisait pas partie ? Est-ce que ces populations se seraient senties moins françaises, si on les avait autorisées à conserver une double identité ? Ou est-ce que, au contraire, la répression de leur identité régionale, pour les assimiler de force à la nation française, n’a pas créé un ressentiment néfaste à l’unité du peuple ? Aujourd’hui on commence à se rendre compte que cette tentative d'effacement des identités régionales constituait une erreur. Par ailleurs, de nombreux français possèdent une culture multiple qui s'exprime notamment dans la langue qu'ils parlent : italien, créole, portugais, arabe, bambara, wolof, chinois, etc. Ne serait-il pas judicieux de tirer les leçons de nos erreurs vis-à-vis des cultures régionales et de les appliquer aussi aux identités plurinationales pour une réhabilitation du droit de chacun.e de parler ses langues et de vivre en assumant pleinement ses identités multiples ?

 

La présence d’une langue commune peut donner du sens ou une certaine légitimité  au territoire commun : si j’ai grandi en Seine et Marne et que je vais à Marseille, je ne peux me sentir chez moi que parce que je peux discuter avec les gens dans la langue que nous avons en commun, c’est-à-dire le français. Mais en réalité je ne suis pas chez moi parce que je ne connais pas les rues par cœur, que les odeurs de la terre et de la ville ressemblent plus à Naples qu’à Noisiel et que la nature et le climat ressemblent plus à Beyrouth qu’à mon chez moi en Seine et Marne. La notion de territoire commun ne peut avoir de sens que parce qu’on a une langue commune, en aucun cas elle ne prend son sens par amour pour les frontières. Le territoire n’est commun que parce qu’il présente une certaine communauté culturelle, et non parce que nous y sommes réunis par des frontières hermétiques. En aucun cas les frontières ne peuvent être considérées comme inclusives, au contraire elles excluent l'Autre.

 

Que reste-t-il ? Les valeurs communes et l’histoire. Disons que les valeurs communes peuvent avoir du sens à condition qu’elles ne soient pas vides de sens et que ceux qui incarnent la volonté du peuple français les défendent. Si aujourd’hui nous sommes encore nombreux à croire que la liberté, l’égalité et la fraternité sont des valeurs qui méritent d’être défendues, nos dirigeants qui devraient être en principe les premiers à les incarner, ne défendent plus hélas qu'une seule valeur, l'argent.

 

Reste l’histoire.

 

Je suis française. Je suis née en banlieue parisienne. J’aime les rues de mon quartier, les couleurs des gens qui l’habitent, les odeurs de leurs cuisines aux saveurs infiniment vastes, les vieux arbres qui m’ont vu grandir, les terrains vagues, les jardins, les parcs, les bords de Marne sauvages ou aménagés. J’aime l’odeur de l’herbe coupée. Je sais que tel arbre fait telle feuille, telle fleur, au printemps, en été, ou en automne. Ce quartier où j’ai grandi et les quartiers alentours, c’est chez moi. C’est ici mon pays et c’est parce que je l’aime que j’aime la France. On n’a besoin de rien d’autre que du sentiment de se sentir chez soit pour aimer un pays.

 

Pourtant la France m’a menti en m’enseignant mon histoire. Mes ancêtres n’étaient pas Gaulois, mes ancêtres étaient Mésopotamiens, araméens, romains, arabes, ottomans, albanais, peut-être même mongols… Mais a-t-on besoin de mentir ? Postulons que nous ayons besoin de mythes fondateurs pour donner corps à l’unité d’un peuple. Est ce qu’Astérix et Obélix ne suffisent pas à rendre les populations gauloises sympathiques aux générations de français qui naissent ? Leur dire que ces populations occupaient la France bien avant nous est ce que ça ne suffit pas ? Est-ce que nous avons besoin de croire que ces gaulois sont nos ancêtres ? Pourquoi aurait-on besoin d’une filiation mythique pour appartenir au peuple français ?

 

Est ce qu’on ne pourrait pas plutôt être tout simplement unis par la conscience d’avoir un avenir commun à construire ensemble ?

 

L’histoire est un élément très problématique de la conception uniformisante d’un peuple ou d’une patrie, dans le sens où l’histoire telle qu’elle est racontée en France, est synonyme, dans la construction nationale, de filiation, donc aussi de race, d’ethnie, d’origine, etc. … La langue, le territoire, les valeurs communes, à condition qu’ils ne soient pas exclusifs, peuvent unir au présent. Mais l’histoire dans sa dimension filiale est inacceptable. On ne construit pas une culture nationale tournée vers le passé et en excluant des franges entières de la population, c’est même l’exact contraire d’unir ! Personne ne sait vraiment qui sont ses ancêtres, ce qui n’empêche pas de trouver un intérêt certain à connaître l’histoire des populations et des cultures qui ont habité un territoire donné.

 

La conscience d'un avenir commun peut nous unir. Le futur pourrait être une partie de cette alternative dont nous avons désespérément besoin. Encore faut il le vouloir.

Chronique de la haine ordinaire #3

13 juin 2016

Session photo avec Osloob à la gare de Saint Denis. C’est un copain Palestinien de Syrie qui nous photographie. On a finit, on s’en va. On traverse la place du tram. Une voiture noire avec quatre flics en civils à l’intérieur. Y a qu’à voir leurs têtes pour savoir que c’est des keufs. On marche tous les trois tranquillement, et les keufs sortent la tête par la fenêtre et écarquillent les yeux. Je me dis qu’ils vont nous contrôler.

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On fait comme si de rien était et on continue notre route. La voiture de keuf s’arrête. Ils descendent et nous suivent presque en courant. Je demande aux gars en arabe : Vous avez du shit ? Non. Vous avez vos papiers ? Oui. Je me dis faudrait pas que la session de photo se termine au poste…

1er flic blanc avec un gilet par balle sous le T-shirt se met en travers de notre chemin et dit au copain avec l’appareil dans les mains : « POLICE ». Le pote ne parle pas français alors je réponds. Bonjour ! J’avais bien envie de rajouter connard mais je m’abstiens. Il demande toujours au copain qui tient le Canon 550D il est à vous cet appareil ? Je réponds il est à moi. Vous avez une pièce d’identité ? Oui. Je la sors. 2eme flic blanc avec un gilet par balle sous le T shirt arrive par derrière : - Il est à vous cet appareil ? - Oui ! - C’est sûr ? – On est pas des voleurs ! Le 1er flic : - On ne vous a pas dit que vous étiez des voleurs. – Vous l’avez presque dit … - Vous habitez dans le coin ? – Oui – Vous devriez savoir que c’est un repaire de voleurs ici et si c’est votre appareil qui avait été volé et qu’on l’avait retrouvé vous seriez bien contente !

Et voilà ! Ni excusez nous, ni bonne journée, ni rien du tout. On s’est fait arrêté en flagrant délit de faciès, Saint Denis est un repère de voleurs, et nous sommes trois arabes avec un appareil photo dans les mains… Ils se cassent et nous aussi. Mon pote me demande si en France aussi il faut une autorisation pour prendre des photos. Quand tu as vécu toute ta vie en Syrie tu sais que prendre des photos peut être un acte dangereux et tu sais qu’il ne faut surtout pas que la police t’attrape même si ce sont des photos sans importances. Elle est là la différence : en Syrie un citoyen n’a pas le droit de photographier, en France un arabe n’a pas le droit d’avoir un appareil photo…

Binationalité

24 janvier 2016

- T’es binationale toi ? - Oui, bien sûr ! - Ah bah alors tu vas pouvoir répondre aux questions de je me pose… pourquoi vous ne choisissez pas une nationalité ? - Pourquoi on devrait choisir, on en a deux, les deux font parties de nous, pourquoi il faudrait faire un choix ? - Et pourquoi pas ?

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Voilà le genre d’interrogatoire que le projet de loi sur la déchéance de la nationalité nous amène à subir, nous qui avons une double nationalité et une double culture.

D’abord pour répondre à la question. Puisque je suis fille de Syriens je suis potentiellement syrienne, c’est à dire que j’ai mécaniquement la nationalité syrienne. Pour ne pas l’avoir il aurait fallu que mes parents cachent mon existence aux services d’état civil de leur pays de naissance. Quand bien même je n’aurai jamais réclamé de passeport syrien, je serai syrienne quand même et donc potentiellement destituable de mon identité française.

Ensuite si j’ai fait une demande de passeport syrien il y a plusieurs années (avant que la situation en Syrie devienne ce qu’elle est du fait de l’échec de la révolution), ce n’est pas seulement pour ne pas avoir à demander de visa pour aller voir mes proches et mes amis en Syrie. C’est aussi parce que nous, les binationaux nés en France, nous avons besoin de reconnaissance (reconnaissance dans le sens de respect et non pas de simple constat) de notre double identité.

Et c’est ce point là auquel je voudrais arriver, la France parce qu’elle réclame un choix et donc la négation d’une partie de soit créé du rejet et de l’exclusion. Qu’on ne vienne pas me dire que la France ne demande pas ce choix, parce qu’elle ne le faisait pas officiellement. Le fait qu’aujourd’hui la déchéance de la nationalité paraisse tellement évidente voir légitime, à une grande majorité de Français prouve bien qu’il y a une attitude française collective qui considère qu’on est seulement français ou qu’on ne l’est pas vraiment. Soit tu aimes la France et alors tu renies toute autre identité, soit tu n’es pas vraiment française. Il est exactement là le drame pour tous les binationaux nés en France, on leur refuse leur pleine identité française parce qu’elle n’est pas exclusive. Aujourd’hui le projet d’inscrire dans la constitution une distinction entre vrais français (exclusivement) et faux français (binationaux) a mis en lumière cette exigence cachée de la France envers toute une partie de son peuple : renier une partie de soit.

Parce que c’est de cela qu’on parle quand on parle d’identité, on parle de l’être. Mon identité c’est ce que je suis. Et c’est aussi pour ca que ce projet de loi est odieux, parce qu’il a permis la banalisation de se retrouver pour un binational dans la situation de devoir rendre des comptes à tout un chacun sur son identité, sur son être. Elle est là aussi la blessure, non seulement ce choix réclamé inconsciemment et de façon invisible est devenu un projet de loi à inscrire dans la constitution, mais il nous expose chaque jour à devoir rendre des comptes sur ce que nous sommes, pour rien, juste parce que cette loi a rendu ces interrogations légitimes.

Sachez donc d’une part qu’on ne peut pas demander à quelqu’un de renier une partie de soit sans créer chez lui à la fois un trouble psychologique et donc de la rancœur, et sachez d’autre part que vos interrogatoires nous blessent profondément, que c’est déjà assez durs de se construire lorsqu’on a une double identité pour ne pas avoir en plus à rendre des comptes sur notre être.

Novlangue

19 décembre 2015

Le concept de "Laïcité" signifiait la séparation des pouvoirs religieux et civiques, il faisait la distinction entre la sphère privée dans laquelle pouvait s'exprimer le religieux et la sphère publique régie par les lois séculières de l’État. Ce concept avait pour but de ne faire aucune distinction entre les citoyens quelque soit leur religion et il avait aussi pour but de garantir l'indépendance des lois civiques face au pouvoir de l’Église.

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Aujourd'hui le concept de "Laïcité" a bien changé. C'est en son nom que l'on discrimine une minorité religieuse en France. La communauté musulmane se trouve systématiquement stigmatisée et rejetée au nom du concept qui devrait justement lui garantir de ne pas être sujette à des discriminations ! Alors que la religion musulmane dans la mesure où elle n'a pas de clergé est de loin le plus laïque des trois monothéismes. Aujourd'hui la "laïcité" c'est être "libre" et "chrétien" face au "dictat de l'agression islamique". Et c'est ainsi que l'on retrouve le concept de laïcité dans la bouche de Sarkozy qui va rendre une visite officielle au Pape quelques mois après son accession à la présidence de la république, ou encore de Marine Le Pen qui s'engage à redonner sens aux valeurs de la République : "la liberté, l'égalité, la fraternité et la laïcité". Dans ces bouches le concept de "laïcité" sonne comme un cri de guerre : "dehors les bougnoules!". Aujourd’hui le concept de "laïcité" s'est vidé de son sens pour devenir un concept réactionnaire et raciste.

A trop démolir les mots, on démolit les idées.

Vendredi 13 novembre 2015

17 novembre 2015

Vendredi 13 novembre, mon avion atterri à Orly à 19h. Il y a des bouchons monstres pour arriver à Paris en Orlybus puis le RER B s’arrête à chaque station environ 5 minutes. C’est insupportable. Après 3 heures et demi de vol et 2 heures de transports parisiens, j’ai hâte de rentrer chez moi. J’arrive enfin au RER La Plaine Stade de France un peu après 21h.

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Je sors du RER et me dirige vers l’arrêt de bus. Je sais qu’il y a un match, ce soir les cafés du quartier ont sortis les étalages de bières pressions sur le trottoir et déversent une pop de mauvais gout dans les oreilles des passants. Le tableau du bus indique 8 minutes. J’habite de l’autre coté du stade alors j’attends, vaut mieux ca que de traverser le stade à pied par jour de match. Au moment où le bus doit arriver, il n’apparaît toujours pas, et subitement le compteur passe d’une minute d’attente à 35 minutes. Je peste contre la Ratp et puis tant pis j’irai à pied. Ma valise pèse 20 kilos et je porte mon ordi et ma flute traversière sur mon dos.

Arrivée à l’entrée de l’esplanade du stade, les policiers ont organisé un barrage. Je me met en colère : « Laissez moi passer, j’habite de l’autre coté du stade, le bus a été supprimé, je veux rentrer chez moi ». Les policiers aussi s’énervent : « Madame, vos histoires de bus c’est pas notre problème. Maintenant vous retournez vers la gare, vous ne pouvez pas passer, deux hommes viennent de se faire sauter et il y eu des morts ». Horrifiée je repars vers la gare, je vais essayer de contourner le stade par un autre chemin. Je me demande quand est ce qu’on en finira de ces psychopathes ? La veille un attentat suicide a eu lieu à Beyrouth faisant des dizaines de morts et plusieurs centaines de blessés. La Syrie est à feu et à sang depuis 5 ans. Où trouverons nous refuge quand la planète entière sera le terrain de jeu de ces malades qui croient aller au paradis en semant la mort ?
Au moment où j’arrive au carrefour pour prendre à droite vers un autre chemin, la 3eme explosion a lieu à 100 mètres de moi sur ma gauche. Que dire ? je ne crois pas pouvoir décrire la puissance du son qui m’a terrifié il faut bien le dire. Le son était énorme. J’ai vu une explosion de verre, tous les panneaux publicitaires ont volé en éclat. Et je me suis mise à courir avec ma valise de 20 kilos et la dizaine de personnes qui passaient par là. Deux policiers armés nous ont arrêté et interdit d’aller plus loin, ils nous demandé de nous cacher entre deux murs. Finalement après m’être faite braquée par la police à plusieurs reprises parce qu’ils croyaient que ma valise contenait des explosifs, après avoir trainé ma valise et mes jambes dans Saint Denis pendant plusieurs heures j’ai fini par rentrer chez moi à 23h30. Mon corps est resté tendu, figé comme de la pierre jusqu’à dimanche matin, le son de l’explosion est encore dans mes oreilles et quand j’y pense une vague de frisson me parcoure le dos.

Vendredi 13 novembre la France pleure 135 morts.
Nous sommes tous choqués et c’est bien naturel. J’aimerai partager la douleur des familles qui ont perdus des proches innocents dans les attentats, même si je ne peux imaginer la douleur qu’ils doivent ressentir.
Il y a eu depuis un peu moins de 5 ans en Syrie 250 000 morts au plus bas mot. Si on calcul une moyenne de morts par jours sur 5 ans (1825 jours) on tombe à une moyenne quotidienne de 136 morts ! C’est à dire qu’en Syrie depuis 5 ans c’est tous les jours le 13 novembre. Pour la première fois la France (et moi y compris) a senti ce que ca veut dire de risquer sa vie parce qu’on est au mauvais endroit au mauvais moment, ce que ca veut dire que l’arbitraire, ce que ca veut dire de mourir pour rien, dans une explosion, un bombardement, ou troué par la balle d’un sniper. Lorsque la 3eme explosion a eu lieu au stade de France à quelques dizaines de mètres de moi c’est à tout ca que j’ai pensé. Les Syriens fuient la Syrie pour venir se réfugier chez nous, ne ferions nous pas de même si chaque jour depuis 5 ans nous devions vivre le cauchemar que nous avons vécu vendredi dernier ?

Quelles sont les solutions ?
Les solutions sont hélas de plus en plus réduites au fur et à mesure que le temps passe, que la haine grandit et que son pouvoir se développe. Il y a des causes profondes et des causes plus proches.
Dans les causes directes et proches, on a d’abord le désordre total qui existe en Syrie et en Irak et qui profite à tout le monde (soyons clairs si il ne profitait pas aux grandes puissances dans lesquelles nous vivons elles y auraient mis un terme depuis longtemps). Ce désordre existe en Irak parce que la chute de Saddam Hussein n’a pas laissé la place à une organisation sociale saine, mais à des gens corrompus mis en place par les USA pour servir leurs intérêts.
Ensuite le désordre total s’est installé en Syrie suite à l’émergence d’un mouvement d’émancipation en Syrie il y a 5 ans. Les Syriens ont exigé la liberté et depuis ils n’ont cessé d’être réprimés dans le sang par le régime de Bashar Al Assad, qui a non seulement entrepris une ligne d’extermination de franges entières du peuple par bombardement, famine (sièges des villes pour affamer les populations jusqu’à ce que mort s’en suive) et torture (il existe aujourd’hui en Syrie des camps d’exterminations de grande échelle) mais qui a aussi systématiquement encouragé de façon directe et indirecte le développement des mouvements djihadistes et en 1er lieu Daech. Il faut donc déjà en finir avec Daech et avec le régime syrien qui ne sont que les deux faces d’une même pièce.

Mais les auteurs et les organisateurs qui sont à l’origine des attentats qui ont eu lieu à Paris sont Français et Belges. Si on en finit avec Daech et avec le régime syrien de Assad, si on rend au Syriens un pays dans lequel ils peuvent vivre sans avoir constamment peur de mourir sans raisons, on retire à ces Français et à ces Belges la possibilité d’aller en Syrie se former aux techniques du terrorisme. Mais la haine qui existe en eux et qui les pousse à démolir leur propre pays, leur propre nation, et leurs propres concitoyens, cette haine persistera même après la chute du régime d’Assad et la disparition de Daech. Ils trouveront d’autres écoles, d’autres moyens de se former au terrorisme. Et c’est là où il faut aussi avoir le courage de se regarder en face. La radicalisation de ces hommes et de ces femmes, nés en France ou en Belgique ce n’est pas un problème syrien, c’est un problème français, un problème belge. C’est notre problème. C’est notre société qui fabrique cette haine chaque jour. Nous avons du travail à faire sur ce que les gouvernants appellent « l’intégration ». Un homme issu d’une culture, et né dans une autre culture, ne peut sentir qu’il y appartient qu’à condition que cette culture le respecte. Tant que la France ne fera pas preuve de respect envers les Français issus de l’immigration, tant qu’on nous demandera de rendre des comptes concernant notre identité, alors on aura des Français prêts à se venger de la nation qui les vu naitre sans cesser de les rejeter.

Il faut donc de toute urgence à la fois mettre un terme à la situation plus qu’explosive qui en Syrie créé un désordre sans nom qui pousse les Syriens à l’exil et à la recolonisation du pays par des habitants non syriens, venus en Syrie pour mettre sur pied « l’Etat Islamique » dont ils rêvent. Et en même temps de façon toute aussi urgente travailler en France (ou en Belgique ou ailleurs) à un changement profond d’attitude envers les citoyens issus de l’immigration. Car ces citoyens ne demandent qu’à être acceptés. Plus on tarde et moins cela sera possible. Il est urgent de se réveiller et de prendre enfin nos responsabilités.

Chronique de la haine ordinaire #2

24 juin 2015

Un homme parle seul devant ma fenêtre. Je lui demande ce qui lui arrive : « Ce sont des vermines. Oui, ce sont des vermines. Je ne sais pas si ils m’insultaient ou si ils insultaient quelqu’un d’autre mais ce sont des vermines. Nous les soixante-huitards on voulait s’en occuper en 68. Mais la police nous a dit de ne rien faire. Et vous voyez aujourd’hui l’UMP et le PS ils ne font rien. Vous verrez Madame, bientôt ca sera la guerre en France. » Ses vêtements sont usés, ses cheveux grisonnants, à son accent je distingue qu’il est Antillais.

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« Vous comprenez Madame, moi je suis malade. Et bien le médicament qui me soignait, le seul médicament qui me soignait, l’Union Européenne vient de l’interdire. Juste un sirop à la cerise. L’UMP et le PS ils ne font rien. Rien. Ce hollande est un imbécile. Je ne pensais pas qu’on pouvait être aussi stupide. Papa De Gaulle lui il savait dire non ! D’ailleurs il a dit non aux Américains. Il avait du caractère papa De Gaulle.

L’UMP et le PS ils ne font rien. D’ailleurs je vais voter pour Marine Le Pen aux prochaines élections. Ah oui ! C’est pas une question d’opinion mais il faut bien que je me soigne ! Si l’UMP ou le PS me ramenait mon médicament, si ils savaient dire non, je ne voterai pas pour elle. Vous avez vu sur BFM TV ce que nous prépare l’Europe ? Ah Madame vous qui m’avez l’air d’être de gauche allez manifester à Bruxelles contre l’Europe. Ne manifestez à Paris, ca ne servira à rien. Bientôt je vous le dit ca sera la guerre. C’est pour ca, aux prochaines présidentielles, je voterai pour Marine Le Pen. Non mais Madame, vous ne comprenez pas, ce n’est pas une question d’opinion ! Je n’ai pas le choix, il faut que je me soigne ! »

 

Chronique de la haine ordinaire #1

Un jeune homme court après une jeune femme. Ils sont adolescents. Je pense qu’ils s’amusent. Le jeune homme attrape la femme, la jette par terre et lui frappe la tête contre le bitume. Il tourne le dos et s’en va tranquillement. Je suis à vélo, je m’approche rapidement. Deux hommes d’origine maghrébine pressent le pas en direction de la jeune femme toujours au sol. Je pense qu’ils vont l’aider à se relever ou courir après le jeune homme. Elle relève la tête, son visage en sang. Ils lui disent avec mépris : « ca t’apprendra à trainer avec des noirs ».

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